Semaine intense de présentations et défilés en tout genre, la fashion week de Paris s’est imposée comme une édition intense et prolixe. Shows engagés, créativité durable et célébration patrimoniale : passage en revue de ces instants mode à ne pas oublier.
Alerte verte
Ce n’est pas un scoop : la mode est le reflet de son époque. Sur fond de fin du monde annoncée, de nouvelle vague féministe déterminée et de coronavirus à la psychose virale, bon nombre de maisons de luxe et créateurs ont ainsi opté pour des shows aux accents apocalyptiques. C’est du moins le parti-pris de Balenciaga, dont les silhouettes à l’élégance dramatique ont défilé devant un front row noyé par une montée des eaux qui semble avoir brutalement pris par surprise la salle du show.
Vous avez dit réchauffement climatique ? Stella McCartney, elle, ne fait que de le répéter depuis des années et réitère une fois de plus son engagement pour une mode éthique avec un défilé neutre en carbone, où chaque invité s’est vu recevoir un arbre planté.
Même le canonique Guy Laroche s’est emparé de la tendance upcycling, en ayant chiné d’anciennes pièces de ses propres collections pour les réinterpréter avec des rouleaux de tissu stockés dans les ateliers de la maison. D’autres jeunes créateurs, à l’image de Benjamin Benmoyal, affiche une loyauté créative à Mère Nature en dévoilant des silhouettes scintillantes réalisées dans une matière composée de bandes VHS recyclées. Comble du génie : il l’a lui même créée et développée.
Féminisme et féminité
Face à l’incertitude de l’avenir, les regards de certains créateurs se tournent… vers le passé. Ou du moins, vers une certaine conception de la beauté qui lui est synonyme. Une esthétique classique en somme, peu tapageuse et d’ascendance bourgeoise qui s’incarne dans la palette chromatique racée d’Hermès, le prêt-à-porter couture de Givenchy, le vestiaire très “Rive Gauche” de Céline ou encore dans l’élégance quasi-aristocratique de Valentino. Une féminité rassurante et attendue, mais qui n’en est pas moins conquérante, Dior s’emparant une nouvelle fois de la grammaire féministe aux côtés de l’artiste engagée Claire Fontaine, déclinant des slogans girl power sur fond d’influences seventies. Pile dans l’air du temps ! Ce mix, on le retrouve également chez Saint Laurent qui fera défiler des Betty Catroux et Loulou en puissance dans une mise en scène ultra-pop convoquant, côté podium, coupes incisives et matières provocantes.
Chez Chanel, les mannequins défilent en bande de trois, telles des femmes attaquant de front le rythme effréné des tendances dans des tenues tout droit inspirées d’une décennie synonyme de mœurs libérés. C’est finalement Louis Vuitton qui mettra tout le monde d’accord, s’appropriant sous la pyramide du Louvre époques passées et injonctions contemporaines pour une collection audacieuse résolument tournée vers l’avenir.
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