Lauréate de la réputée école de mode genevoise, la jeune créatrice puise dans son parcours multiculturel pour façonner une première collection inspirante, entre tradition et modernité.
Une créatrice sans frontières
Tout commence le 18 avril 1980, à Busan, en Corée. C’est ici que naît Suk-Kyung Lee, jeune styliste qui dès la plus tendre enfance, se prend de passion pour le dessin et le stylisme dans un univers pourtant conservateur. Une vocation qu’elle suit avec audace, intégrant en 2012 Mode Gakuen, une école de mode japonaise basée à Tokyo.
Elle y affirme son talent avec virtuosité, tout en y expérimentant la solitaire vie d’expatriée dans un pays étranger. Un déracinement éprouvant, qui va par ailleurs s’accentuer avec son départ pour Genève, où elle intégrera l’école de mode IPAC. Entourée d’une équipe pédagogique stimulante, elle y développe avec détermination une vision artistique singulière, entre découverte du monde occidentale et incorporation de sa culture asiatique d’inflexion confucéenne.
En visitant le Musée d’Art Moderne et contemporaine (MAMCO) de la métropole suisse, Suk-Kyung Lee se prend de réflexion sur le statut d’étranger et les problématiques rencontrées, que ce soit de langue ou de culture, mettant en lumière l’existence de différentes perspectives pouvant cohabiter au sein d’une même communauté. C’est ainsi que “coexister”, sa première collection, est née, remportant le premier prix du concours Bachelor Design de Mode de cette même école.
Hanbok(s) et streetwear
Au programme ? La créatrice coréenne propose un savant mélange d’éléments streetwear et de pièces traditionnelles remarquablement revisitées. Hérités du patrimoine stylistique asiatique, les Hanbok s’imposent ainsi comme les pièces maîtresses de cette ligne aux inspirations dualistiques.
Tantôt plissées, tantôt matelassées, ces vestes de costume à l’audace minimale s’accommodent ici de pantalons en twill de coton immaculés, sur lesquels sont imprimés en français et coréen les mots “Vérité” et “Mensonge”, points d’orgue de sa réflexion vestimentaire.
Retroussés sur des sneakers néo-futuristes, ils se portent également sous des robes d’organza évanescentes aux motifs printaniers ou de longs manteaux masculins aux origines artisanales. Se dégagent alors des silhouettes anachroniques résolument dans l’air du temps, sur lesquelles dialoguent époques et influences avec (grand) talent.
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