Plus que jamais inspirés par le monde virtuel, les créateurs de mode tentent aujourd’hui de nouvelles expériences numériques, fusionnant réalité et images de synthèse. On se souvient des collaborations de Dior et de l’avatar Noonoouri ou bien celle de Louis Vuitton et des personnages de Final Fantasy. La mode s’approprie désormais un nouveau monde, aux possibilités infinies.
Le siècle de tous les possibles
Notre époque est sans aucun doute source de grandes innovations technologiques. Toujours plus d’objets fonctionnels et connectés, fibres révolutionnaires, formes avant-gardistes… les secteurs automobile, design, high-tech ou même textile entrent dans l’ère du futur. Comme si les films de science-fiction devenaient tangibles, la frontière entre mondes réel et virtuel s’estompe peu à peu, inspirant de nombreux créateurs de mode.
Quand le réel rencontre le virtuel
Après le défilé d’hologrammes signé Ralph Lauren en 2014, la réalité augmentée a pris, au fil des années, une nouvelle dimension. Exemple flagrant : de plus en plus nombreux, les instagrammeurs fictifs tendent à détrôner les humains. Créée par Sarah Decou et Trevor McMedrief en 2016, Lil Miquela est sans aucun doute l’un des plus connus. Façon Kylie Jenner ou autre millenial influent, cet avatar brésilien multiplie les selfies, collabore avec des marques de luxe, fait la promotion de produits cosmétiques et créé ses propres morceaux disponibles via Spotify. Avec ses 1,7 millions d’abonnés, Lil Miquela représenterait donc le futur des influenceurs via les réseaux sociaux.
En 2018, Olivier Rousteing avait, lui, décidé de mettre en scène Margot, Shudu et Zhi, trois icônes virtuelles aux traits plus que parfaits, qui composaient alors sa « Balmain Army ». Un choix parfois critiqué, lorsque l’on sait que le directeur artistique prônait jusqu’alors la diversité des mannequins dans l’industrie de la mode. Dans un univers plus étrange et déroutant, Balenciaga avait, la même année, opté pour des mannequins virtuels élastiques, démunis de colonne vertébrale, pouvant se contorsionner à l’infini… Si la performance souligne nos progrès exceptionnels en image de synthèse et en intelligence artificielle, on peut s’interroger quant à l’avenir des égéries réelles. Les humains ne deviendront-ils pas un peu fades et sans intérêt face aux physiques sans défaut créés par informatique ?
Si les mannequins virtuels sont encore peu utilisés pour défiler, les marques misent sur le numérique pour proposer une expérience retail toujours plus inédite et audacieuse. Le 11 octobre dernier, Niki Killick a ouvert le premier magasin de réalité augmentée à Melbourne. Grâce à l’application Eyejack, la collection de la designer australienne prend littéralement vie, dans une atmosphère psychédélique. « J’ai passé beaucoup de temps à essayer de comprendre comment intégrer réellement la technologie […] à une expérience plus conviviale. […] Essayer de trouver comment traduire les frontières entre les vêtements physiques et la mode dans le monde réel, avec une expérience numérique. » expliquait Niki Killick. Jamais à cours de créativité, l’univers de la mode semble prêt à relever de nouveaux défis, fusionnant aujourd’hui mondes réel et virtuel.
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