Créatrice en devenir, Estelle Zhu, étudiante à l’IFA Paris, présente une première collection hautement créative, interrogeant notre rapport à nos identités culturelles, qu’elles soient contemporaines ou traditionnelles.
Une créatrice prodige à l’ADN textile
La mode, c’est une histoire de famille pour Estelle Zhu, tout juste diplômée de l’IFA Paris en stylisme et modélisme. Issue de la diaspora chinoise parisienne, la jeune femme baigne dès l’enfance dans l’univers du textile, ses parents gérant une société d’import-export fructueuse. “ Je regardais mon père dans son bureau en train d’esquisser des croquis pour la saison prochaine, faire les choix des matières et des coloris avec ma mère. Je les accompagnais visiter leur usine quand on rentrait en Chine l’été.”
C’est donc sans surprise qu’à peine âgée de 8 ans, Estelle prend son destin en main : elle sera designer. Après un premier stage dans un des ateliers de couture et de fabrication du Sentier, l’adolescente précoce décide de passer un bac professionnel, spécialisé dans les Métiers de la mode et du vêtement. Là encore elle réussit et s’en sort avec une mention très bien. “En recherchant une école de mode pour la poursuite suite de mes études, j’ai été fortement enthousiasmée par le Bachelor à IFA Paris qui permettait de partir étudier à Shanghai, une ville qui m’avait marquée lors d’un de mes voyages en Chine quelques années auparavant.” poursuit-elle. Elle partira donc à Shanghaï dès sa seconde année d’études au sein de l’IFA Paris, avant de rentrer en France pour sa dernière année de bachelor et de remporter le premier prix l’école pour sa collection de fin d’études. “Aujourd’hui, je poursuis un master of arts Mode Contemporaine avec le prix qui m’a été attribué par IFA Paris.” conclut-elle fièrement.
Une collection en hommage à ses racines
Naturellement, c’est autour d’un certain besoin retour aux sources que s’articule la collection de fin d’études d’Estelle Zhu. Baptisée « Remember where you came from », cette ligne interroge les valeurs traditionnelles et modernes chinoises tout en remettant en question la prégnance des influences occidentales. “ Etant une jeune femme d’origine chinoise née en France, j’ai pu remarqué lors de mes nombreux voyages au pays, que la plupart des Chinois avait une vision assez idéalisée et stéréotypée de l’esthétique occidentale, ce qui influe sur leur style de vie ainsi que leur notion de la beauté. Les intérieurs des « nouveau riches » sont souvent décorés d’imposants meubles d’imitation style Louis XVI et de gros lustres de cristaux, symbole de richesse et du « bon goût » que certaines personnes pensent être des standards européens.” explique la jeune créatrice de 21 ans.
Son objectif ? Réconcilier cette obsession évidente pour l’Occident avec une esthétique traditionnelle trop souvent jugée ringarde ou de « mauvais goût ». Elle n’hésite donc pas à s’emparer d’éléments du quotidien les coussins couleur pastel, les broderies traditionnelles chinoises, les « couvertures » de télé en velours imprimé de grandes pivoines, le coq, symbole national de la Chine ou encore les tricycles de Wenzhou. Des éléments d’inspiration que l’on retrouve en filigrane tout au long de cette collection faite de robes anachroniques aux empiècements ambivalents, de jupes à fleurs twistées de pulls ajourés ou encore de pantalons maillés, relevés d’un PVC rouge vif et de tops en trompe l’oeil. De quoi capter l’oeil du spectateur… et visiblement celle des jurés.
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