Si la tendance du sportswear est l’une des principales inspirations des créateurs, elle semble aujourd’hui partager sa place avec le tailoring. Les sweats à messages laissent place aux costumes structurés et aux pièces minimalistes.
LE COURANT SPORTSWEAR / TAILORING
Ces dernières années, les créateurs n’ont cessé de s’inspirer du vestiaire sportswear pour leurs collections prêt-à-porter ou même haute-couture. Baskets montantes, joggings revisités, hoodies vus et corrigés… l’univers de la mode et celui du sport ont ainsi fusionné, donnant naissance à des silhouettes à la fois urbaines et pointues. Loin des looks de banlieues clichés, le streetwear semble être le nouveau symbole du luxe.
Car à l’arrivée de la génération des « millenials », les créateurs de mode ont dû revoir leur stratégie marketing, afin de toucher une nouvelle communauté ; plus jeune et dynamique. Louis Vuitton x Suprême, Alexander Wang x Adidas, Polo Ralph Lauren x Palace, Fendi x Fila… les collaborations entre grandes maisons de luxe et marques street ont ainsi jailli de toutes parts, suivies de près par la génération Y.
Mais aujourd’hui, cette tendance des sweats oversized et imprimés ne sont plus les seules pièces à rencontrer du succès. Les designers appellent également au retour d’une esthétique plus sobre et élégante. « Nous avons besoin d’une nouvelle silhouette, d’une nouvelle forme. Il y a beaucoup trop de hoodies à imprimés […] Quelque chose doit changer », déclare Raf Simons lors de son défilé Printemps-Eté 2019.
Si l’on se réfère aux dernières Fashion Week, le néo-tailoring serait la nouvelle tendance post-streetwear, revisitant le costume avec innovation et audace.
L’ERE DU NEO-TAILORING
Yves Saint Laurent et Helmut Lang (entre autres) en ont fait un look iconique. Que ce soient pour les hommes ou pour les femmes, le costume a toujours été présent dans les collections, années après années, saison après saison. 2020 marquera le retour du tailoring nouvelle génération, bien loin des costumes rigides et conservateurs dignes des dandys britanniques.
Après le mouvement sportswear qui émergea ces dernières années, l’heure est désormais aux pièces sobres et aux coupes structurées, travaillées avec rigueur. Dans un élan de maturité, on retourne à des silhouettes équilibrées, aux proportions impeccables.
A la fois sophistiqué et fonctionnel, le costume d’aujourd’hui se veut avant tout pragmatique. Blazer graphique chez Neil Barrett ou orné de sangles techniques chez Piet, costume rayé et baskets aux couleurs flashy signé MSGM, costume-cravate accessoirisé de tennis Vans chez Officine Générale… les créateurs mixent les codes traditionnels du tailoring à une allure urbaine décontractée. « Il n’y a plus de dualité entre streetwear et tailoring mais un mélange entre l’esprit du streetwear et la tradition des tailleurs » souligne l’auteur Xavier Chaumette. En effet, si la tendance sportswear s’efface peu à peu, elle continue d’influencer les créateurs, qui n’hésitent pas à allier matières techniques et tissus de luxe traditionnels. Ermenegildo Zegna va même plus loin, en proposant des costumes durables, conçus à base de tissus recyclés.
Une évolution illustrée par de nombreux créateurs, notamment Heron Preston ; qui pour sa collection printemps-été 2020 s’inspire de New-York et de son énergie ; pour imaginer des silhouettes à la fois street et chic. Ici s’entremêlent laçages et bandes luminescentes, poches fonctionnelles et marquages fluo.
Avec un soupçon de poésie, le designer moldave Dima Leu Rend, quant à lui, hommage aux compositeurs de l’époque romantique. Trench intemporel mentionnant « Beethoven », chemise bleu électrique sérigraphiée « Brahms » ou encore un blazer rose fluo logotypée « Liszt »… l’ère de la provocation est révolue, la mode s’assagit et devient plus intellectuelle.
Décliné pour hommes et pour femmes, le costume est bien le signe que la frontière entre mode féminine et mode masculine est en passe de disparaître. Féminiser l’homme, masculiniser la femme… le phénomène « no gender » est aujourd’hui à son apogée. Le neo-tailoring serait donc, finalement, la tendance la plus représentative de notre époque.
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